Pom, pom, pom ...pommes!

Parée de vermillon, fragrances citronnées, voici la Belle Fille de Salins.

D’une région voisine où s’élève le chapon, la Croquette, rondelette, offre sa peau granitée de carmin.

Œil légèrement clos, chair ferme et juteuse, la Belle Inconnue (qui, subséquemment, l’est un peu moins) se laisse volontiers attendrir par la chaleur du vieux fourneau.

Un peu ventrue, une peau bien lisse et quelques discrètes lenticelles,  Glockenapfel, elle se nomme. Glo…cken…a…pfel… on entend au loin sonner les clarines d’un paisible bovin  helvétique. Surtout n’allez pas la traiter de cloche, elle pourrait déclencher une crise de tavelure !

Côte à côte, dans l’osmose de leur verger originel, elles cultivent  sans animosité leurs différences. La première, finement rosée sous une peau délicatement pruinée, se prénomme Fraise ou Mirabelle au gré de ses admirateurs. Fruit de la rosée, elle s’abandonne aux doigts habiles et farinés du pâtissier. La seconde, plus acidulée dans sa peau incarnat, la Croque elle se nomme, préfère accompagner le boudin! Il n’est pas de sot métier au pays des fruits, fussent-ils défendus!

Peau à peau, dans un corps à corps tout en rondeurs, l’Api étoilée se blottit contre la Grebeusse saônoise, odorante à souhait. Son œil reste cependant tourné vers une autre étoilée, une Reinette en voie de disparition, une star du temps d’avant les standards de la grande et machiavélique distribution.

Prête à se jeter dans la bassine à friture, la Jacques Lebel (toute branche généalogique avec l’inventeur de l’arme éponyme ne serait que regrettable anomalie) assume sans complexe ses rondeurs, à l’instar de la Rambour qui préfère cependant les frimas de l’aube automnale pour parfaire sa maturation.

A l’étal des Croqueurs la joliesse et le charme naturels sont de mise. Ici, on ne se paie la pomme de personne. Un pommage symphonique !

A l’étal des mercantiles, sous l’étiquette de l’arithmétique, les pommes ont des fadeurs anonymes. Une triste cacophonie !

Comments

[Hervé]

"Des fadeurs anonymes", on lit, on gratte, on cherche... on trouve des expressions qui resteront marquées longtemps dans nos cervelles. Le propre du poète ?