Ronde
Bien longtemps après le défilé des petites à goûter, des suaves à peler et autres gracieuses à exposer, vous m’avez sortie du panier, du fond du panier.
Je ne suis pas de ces prétentieuses qui coulent leur géométrie proportionnée dans des gabarits circulaires. Je ne suis pas de celles-là.
Je ne suis pas de ces pimbêches aux contours calibrés exposant leurs atours à des croqueurs formatés. Je ne suis pas des leurs.
Pas de ces chichiteuses roulant leur galbe sous les yeux de gourmands frustrés. Pas de celles-là non plus.
Pourtant, si j’en crois les regards qui se posent sur moi, mes formes généreuses semblent susciter quelques … idées.
Le musicien parle de deux blanches, de quatre noires, d’une ronde, d’une note délicieusement prolongée, d’un signe harmonieux sur la rigide portée, suivie d’un silence. Rondeur apaisante.
Inspirés, les doigts de l’artiste courent délicatement sur mon anatomie en évoquant Vénus. Rondeur callipyge.
N’en déplaise à M. Cuvier, l’aventurier ethnologue, la joue rosie, me découvre des allures d’Hottentote. Rondeur fantasmatique.
Il en va des fruits comme des demoiselles dans l’appréciation des silhouettes et des contours.