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des images et des mots
16 août 2018

Il est là...

IMG_4310rets

 

 

Il est là, assis sur un banc, son banc peut-être, immobile, des mains tordues par le labeur croisées sur des jambes croisées. Entrelacs figé. Le jour de l’Assomption donne au parc des allures dominicales, des déambulations alenties, des envies de flâner, une lente procession du temps.

Des artistes de tous genres ont érigé des cimaises provisoires sous des petits chapiteaux protecteurs. Le peintre par envie côtoie le peintre par passion, l’artiste confirmé l’éternel amateur, la toile brasillante le graphisme hésitant. Les visiteurs se suivent, se précèdent et se croisent, têtes chenues pour la plupart, tenues estivales endimanchées. Des personnes d’un âge certain, la jeune génération attend les images sur Facebook… On se connaît, on se reconnaît, on échange des avis du bout des lèvres en prenant des airs inspirés ou conspirateurs. « Je ne vois vraiment pas ce que ça représente ! » Au pinacle l’œuvre qui dit de suite son qui-quoi-où-quand-comment. Aux éloges l’art figuratif qui rassure sur l’état de notre vision et la fluidité de nos neurones. Au pilori la trace du pinceau plus instinctive. Aux gémonies, l’art abstrait. Un itinéraire où le sentir est oublié.

 

Il est là, immobile, loin des pérégrinations artistiques, aux antipodes des débats sur la noblesse de l’Art.

Son regard dont l’azur est délavé par les averses de la vie, érodé par les déluges de l’existence, suit lentement les mouvements des visiteurs. Son spectacle à lui. Un peu de présence dans la touffeur estivale. Des inconnus, moins inattendus que bienvenus dans ce parc où s’enracine sa solitude.

Pourtant les amateurs d’art n’ont que peu d’intérêt pour le vieil homme. Ils n’ont pas remarqué le pittoresque de son visage, l’ambigüe élégance de son couvre-chef qui peut laisser deviner un passé de piste aux étoiles, de pitreries et d’éclats de rires enfantins.

A l’autre bout du parc, une dame s’extasie devant un visage clownesque habilement posé sur la toile par un artiste et son couteau. Saura-t-elle s’émouvoir devant cet autre portrait tout aussi immobile mais tellement plus vrai ?

 

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Commentaires
J
Merci d'être passée, d'avoir un peu flâné entre mes images et mes mots. Merci surtout d'avoir senti ma sensibilité. Il est tellement difficile d'en faire la clef de la partition du quotidien...bon cheminement dans votre art où se mêlent subtilement intelligente sensibilité et belle énergie vitale.
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I
Comme promis , suite à notre échange à l'envers du décor de mes œuvres , je vous laisse un petit mot après avoir flâné sur votre blog . Vous avez écrit un très beau texte à partir du portrait de ce monsieur en ce jour du 15 Août , où les regards étaient plus posés sur les œuvres des artistes qu'au alentour. <br /> <br /> On sent une très belle sensibilité qui émane de vos photos . Bonne continuation dans cet art et peut- être à bientôt lors d'une exposition picturale sur le Territoire . Bien cordialement . Isa
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J
Que ton écrit ait ou non un rapport avec la photo n'a aucune importance. L'essentiel est dans ton ressenti. Merci pour ces quelques lignes. C'est ainsi que je voudrais cet espace, un lieu d'échanges d'où je pourrais m'effacer quand un ou une autre s'y exprime.
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C
La Vie !.. aussi.. <br /> <br /> <br /> <br /> Il est beau ce monsieur. Son regard est perdu au dessus des têtes des rires et des cris. La fête s'est installée.. chez lui. Il attend tout petit transparent en silence le moment où le parc redeviendra son refuge. <br /> <br /> Je ne peux m'empêcher de penser aux routes qui traversent les forêts sur lesquelles on roule à grande vitesse en oubliant que cet espace, on le partage avec d'autres vivants. Si notre voiture percute un chevreuil un renard l'assurance prendra peut être les frais de réparation en charge , si l'on écrase un hérisson... quel hérisson ? Mais si un sanglier percute notre voiture, l'événement fera la une du journal local. Et si ce sanglier rebelle, énervé d'être obligé de vivre dans un espace de plus en plus réduit, décidait de recommencer sa bousculade d'homme, une battue serait vite organisée afin d'éliminer le prédateur. <br /> <br /> <br /> <br /> Pas vraiment de rapport avec la photo.. Peut être un endroit que l'on s'approprie pour vivre. Et d'où l'on s'efface lorsqu'il est occupé.
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