Cinquième saison
Homme, voici venir à toi la saison du renouveau !
La mousse du sous-bois se parsème d’auréoles lumineuses.
Voici venir l’anémone en sa robe de virginité, l’oxalis délicatement veinée.
Au verger, le rameau s’orne de bouquets chantant le printemps.
Voici venir la ronde de l’abeille butineuse, les amours de la fleur et de l’insecte ailé.
Tout juste remis de son périple hivernal, le rouge-queue s’agite aux commissures des branches.
Voici venir le temps des unions piaulantes, la danse séductrice de la gent ailée.
De fauves pelages animent soudain une futaie verdissante.
Voici venir les cabrioles des juvéniles sous le regard attendri des biches amusées.
Dans le monde des hommes, s’épaissit un écrasant silence. Membres figés, regards hantés.
Voici venir la cinquième saison de l’homme !
L’aveugle saison de l’homme qui ne voit plus la mousse se teinter.
La mortifère saison de l’homme qui ne sait plus sourire aux neiges des fruitiers.
La sourde saison de l’homme qui n’entend plus les oiseaux s’aimer.
La triste saison de l’homme qui ne connaît plus la liberté du cervidé.
Voici venir le temps de la cinquième saison,
Un temps qui n’est pas un temps,
Une attente de rédemption.