Confinement
— Dites-moi, chère amie, pourquoi ce ciel si pur, ce silence soudain, ce grand calme ? Pas un bipède dans la rue, pas de gaz d’échappement… où sont-ils donc passés ?
— Paraît qu’ils doivent rester au pigeonnier. Une épidémie. Un virus !
— Un virus ? J’espère qu’ils ne vont pas nous refaire le coup de la grippe aviaire. Vous vous souvenez de l’irascible de l’immeuble en face ? Il avait tenté de me tirer comme un ramier !
— Je me souviens. Aujourd’hui, c’est lui qui a du plomb dans l’aile, il ne quitte plus son balcon.
— Mais, alors, s’ils ne sortent plus, qui va nous donner notre pitance ?
— Ils ne vont même plus chez leur boulanger. Sentez cette odeur, ils cuisent leur pain chez eux. Et ils n’en perdent pas une miette !
— Nous allons y laisser des plumes ! Nous pourrions partir à la campagne, nous mettre au vert, comme ils disaient. Là-bas, c’est le temps des semailles et nous trouverons bien un poulailler à partager…
Un virage sur l’aile et les deux compères citadins prennent la clef des champs.
Sur son balcon, l’homme confiné, sent soudain son existence battre de l’aile.