Les arts bienfaisants

C’était un dimanche électoral. Les grands illusionnistes de la politique déroulaient en technicolor la platitude de leur verbiage élimé. Surgissant de sa toile comme un diable de sa boite, Roger Comte nous invita à élire l’excentricité, l’inventivité, la singularité.

C’était un dimanche inquiet. L’odeur de la poudre flottait encore lourdement autour d’un Bataclan ensanglanté. De sa voix affable, Arlette nous dit René Char, nous conta Boris Vian, immortels poètes. Il y eut du soleil dans la rue.

C’était un dimanche faussement hivernal. Désertés par une légitime froidure, les bourgeons osaient un gonflement quasi printanier. Aux cimaises, les paysages de Guy Lafuge sublimèrent les saisons d’avant dans un voyage chaudement coloré, des rives du Doubs aux collines parfumées de Provence.

C’était un dimanche effronté. Une cacophonie bleu marine sur la portée des promesses et des « moi-je ». Sous le regard mystique de Guy Lafuge l’alto de la gracile Lucile cicatrisa nos plaies. L’archet se maria aux cordes, mû par une main pacifiste et talentueuse. D’un monde qui perd son humanité, la musique adoucit les heurts.

Quand la vie s’expose aux vents mauvais, les arts sont bienfaisants.