Bratsch

Mon premier a un visage d’Apache et le scalp aux épaules comme un étendard de liberté. On se sent presque trompé devant ses origines napolitaines. Subtilité esthétique dans l’harmonie de sa chemise chamarrée et du décor printanier ornant son piano à bretelles. François fait chanter le vent des steppes dans le soufflet de son accordéon.

Gilet de cachemire en camaïeu, barbe hirsute et cheveux mêlés, mon deuxième est une icône. Un manouche, un éleveur de chevaux du Kirghizistan, un pêcheur sur la mer Caspienne… Visage buriné, regard impénétrable, Dan dessine des espaces infinis sur les cordes de son bouzouki.

Mon troisième est une danse. Il est à la fois le serpent et son charmeur, une spirale corporelle se lovant autour d’un instrument. C’est du fond de son âme que surgit le souffle du klezmer. Nano fait chanter les musiques du monde aux sons chatoyants de sa clarinette.

Mon quatrième est le fils de mon cinquième. Son look l’inviterait davantage chez les Karpatt que dans les montagnes de Roumanie. Un beau gosse au beau milieu des icônes (ndlr : pour ne pas écrire « gueules », au sens noble du terme, bien sûr !). Union paradoxale du jeune homme et de la « grand-mère ». Théo, de sa contrebasse, donne le premier temps.

Mon cinquième est le père de mon quatrième, vous l’aurez aisément deviné. Une « gueule » (c’est écrit !), un regard perdu au-delà de l’horizon, une lippe sensuelle accompagnant un mouvement d’archet subtilement nuancé… Du violon de Bruno surgissent les chants des nomades, la complainte des voyageurs fatigués, les crépitements d’un brasero, la fusion du jour et de la nuit…

Mon tout est un groupe emblématique, un voyage en musiques de quatre décennies, des mangeurs de lune qui auront fait tomber des frontières.

Bratsch ! 

Comments

[Christine]

J'aime j'aime !!!

[Yvonne]

Tu renonces?

Rien en janvier et février est déjà bien entamé.

Bises