Mon tricolore
Dans la cacophonie ambiante autour d’une petite sphère made in China, dans le concert des fanatismes où s’affrontent les calicots colorés, le sort du monde, au moins celui de l’Europe, se joue dans le rectangle vert de l’arène footballistique et la fenêtre essentielle de la maison, l’écran plat ou concave. Je suppose que cette innovation technologique (la concavité) permet de donner de la profondeur à notre vision du monde. Je suppose.
Dans ces conflits modernes générés par le sport, nous oublions un instant les moustaches urticantes de la CGT et l’angoisse silencieuse des gares. La France n’est plus la France, ce beau pays aux 300 fromages (fromage de Hollande compris). La France n’est plus qu’un corps tricolore constitué de deux bras devant une cage et d’une vingtaine de jambes équipées de chaussures flashy. Dans ce corps réside l’espoir d’un peuple en manque d’espoirs. D’un peuple peut-être atteint de cécité dans sa course effrénée au matérialisme.
Pourtant, il suffirait d’un presque rien, d’une jachère fleurie, de trois petites fleurs… d’un autre tricolore.